« Quand j’étais jeune il y avait trois stations de télé. Et elles respectaient toutes certaines règles sur ce qui était vrai, sur ce qui était faux. Aujourd’hui vous avez un milliers de plateformes, vous avez tout Internet, et il n’y a plus de règles convenues sur ce qui est vrai et ce qui est faux. C’est ce que j’ai appelé une crise épistémologique, une vraie foire d’empoigne. Et donc vous avez pu voir un président, Donald Trump, qui n’a pas été inquiété pour avoir menti tout le temps. »
Barack & Michel
Tout à fait Barack, on ne sait plus qui est qui, qui dit vrai qui dit faux, qui est homme qui est femme, n’est-ce pas ?
Sur ces deux photos non truquées de l’ancien couple présidentiel démocrate de couleur, on peut voir Michel, les épaules larges, le torse puissant, pagayer devant Barack. Sur Michel, le trapèze (muscle situé entre l’épaule et le cou) est bien développé, signe d’une activité physique soutenue ou alors d’une musculature déjà supérieure à la moyenne des, euh, femmes à la naissance.
On est dans la sexualité, ou plutôt le transgenre, on va y rester avec ce message rassurant de la police :
[#NeRienLaisserPasser] L'auteur d'une agression sexuelle risque 5 ans de prison et 75000 € d'amende. Si vous avez été victime d’une agression sexuelle, rendez-vous en commissariat, des policiers seront à votre écoute. En cas d’urgence, appelez le 17. pic.twitter.com/tJYIzsmvDF
— Police nationale (@PoliceNationale) February 9, 2021
Balance ton pédo mais prends ton temps chez les flics
En ce moment, comme chacun sait, ça balance dans le domaine des délits et crimes sexuels. Après le MeToo des femmes harcelées, on est passé au MeToo des enfants victimes de pédophilie. Ils témoignent en général sur Twitter, donc quand ils sont devenus adultes, car la mémoire du traumatisme met du temps à émerger. Alors quand la police nationale nous dit que des policiers seront « à l’écoute » des victimes, on se marre jaune : pour qui vient dans un commissariat de quartier dénoncer une agression, c’est la croix et la bannière pour être écouté. On peut attendre quatre ou cinq heures sans être entendu, pendant que des fonctionnaires discutent tranquilles à l’entrée. On le sait, on l’a vécu. Ce n’est pas un traumatisme, c’est la réalité quotidienne des flicariats qui se débarrassent ainsi des petites affaires encombrantes, ils en ont déjà trop dans le genre.
Même système de nettoyage par le bas aux urgences où le personnel soignant laisse s’effectuer le tri naturel entre les cas graves et les autres. On peut laisser une famille entière attendre une demi-journée parce que le petit dernier a fait vovo à Noël. Et on les comprend ! On écrème le haut, en priorité d’urgence, et on laisse les autres se fatiguer. De toute façon, les urgentistes n’ont pas le choix : ils ne peuvent pas recevoir toute la misère du monde, surtout quand le néolibéralisme ferme des lits par milliers... pour ouvrir des brancards dans les couloirs.
Pour en revenir aux policiers, cela explique pourquoi les victimes de « petits » délits – cambriolages, agressions physiques, ce qui peut traumatiser pas mal de gens – peuvent aller se faire voir ailleurs. Sauf que les commissariats ne sont pas pris d’assaut comme les urgences, et c’est là où le bât blesse. Beaucoup de Français ont été écœurés par leur réception chez les gardiens de la paix civile.
Le fétichisme de la marchandise et de la marchande
Mais on n’est pas là pour décourager les victimes d’agressions sexuelles : continuez à balancer les pédos, que la justice suive ou pas, les réseaux feront le reste. Dans cette rubrique, on célèbre aussi l’humour et l’amour. C’est pourquoi on va vous parler de Léna Situations, une jeune fille qui fait plus de vues que tous les universitaires réunis, une influenceuse, disent les médias mainstream à la fois dépassés, affolés et admiratifs.
Léna se met en scène dans sa vie quotidienne, (se) la raconte, monte des sketches avec ses amis homos. C’est cool, inclusif, déracisé, et aussi un peu déraciné. On sait qu’aujourd’hui la publicité, c’est-à-dire l’injonction à consommer au-delà de ses besoins formulée par le grand capital, passe par ces jeunes ambitieux qui n’ont aucun complexe à vendre leur vie, leur quotidien ou leur sexualité. Plus c’est proximitif, plus c’est efficace sur la cible, c’est-à-dire toute la masse des jeunes qui regardent émerveillés cette vie supérieure, meilleure, pour paraphraser Staline. On vent du vend, parce que le vent s’achète.
Par exemple, dans le générique de Léna, on trouve ça :
C’est même pas subliminal ! Au moins, dans le 20 Heures d’Antenne 2 – l’ancêtre de France 2 – pendant la cruciale année électorale 1988, on ne pouvait voir qu’inconsciemment l’image de François Mitterrand (« Tonton, laisse pas béton », scandait Renaud) :
Le capital, la marchandise ne se cachent plus ! Comme les chaussettes Kindy :
Couleuvrisme socialo-sioniste
C’est bien qu’on parle de Mitterrand parce que Le Monde diplo vient de sortir une recension (mot savant qu’on a appris chez E&R) du livre de Chevènement qui évoque l’homme resté 14 années à la tête de la France, de 1981 à 1995. Le sujet est court (pour ce diplodocus de la presse) mais édifiant : il montre comment le souverainiste a avalé 40 ans de couleuvres dans ses postes gouvernementaux successifs. Le Che a en réalité assisté pantois à la démolition contrôlée de l’idée de nation à gauche, alors qu’il devait en être le gardien. Il explique comment Mitterrand, qui avait pourtant battu Giscard sur la base d’un programme socialiste, a finalement été le chantre du courant libéral proeuropéen !
Une fois engagé, en 1983, le « tournant de la rigueur », qui, comme l’auteur le démontre, va faciliter le « triomphe sur le continent européen du modèle néolibéral », une fois entériné, en 1985, l’Acte unique « à l’unanimité et sans débat » par un conseil des ministres (auquel il participe…), une fois qu’un autre conseil des ministres accepte trois ans plus tard une directive européenne « visant à la libération des mouvements de capitaux, avant toute harmonisation préalable de la fiscalité sur l’épargne » (M. Chevènement exprima alors son opposition, mais en restant ministre de la Défense), comment a-t-il pu encore se persuader qu’il suffirait d’« avaler la couleuvre, dans l’espoir qu’il serait possible ensuite de s’en débarrasser » ?
Le Monde du chantage ?
S’ensuit la trahison de l’Irak en particulier et du monde arabe en général par un Mitterrand qui mangeait dans la main de Bush (père), et puis arrive le paragraphe sur Le Monde...
L’auteur revient aussi sur ses démêlés avec Le Monde. Partisan comme Mitterrand de la guerre du Golfe, le quotidien aurait imputé avec malveillance les critiques de son ministre de la défense à un « “retour d’épices” de la part de Bagdad (3) ». Il s’oppose à lui plus frontalement encore lorsque celui-ci devient ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de M. Lionel Jospin. L’auteur raconte que, le 11 février 1999, Jean-Marie Colombani et Edwy Plenel viennent le trouver Place Beauvau afin de lui signifier la ligne que le gouvernement doit suivre s’il compte sur l’appui éditorial de leur journal.
Plenel aurait alors expliqué : « Lionel Jospin a mis l’accent sur l’État et sur la nation. Or Le Monde est europhile, eurosocial, europolitique, etc. Ses dirigeants estiment qu’il ne s’agit pas de mettre l’accent sur l’État-nation, mais sur les voies et moyens permettant à la France de remplir sa place dans le développement européen. »
L’auteur soupçonne que Le Monde fit ensuite pression sur M. Jospin afin que celui-ci adopte, à propos de la Corse, une position qui contraindrait M. Chevènement à la démission. En échange, le Premier ministre socialiste aurait obtenu le soutien du quotidien à sa future candidature présidentielle…
Le soutien du Monde pour Jospin, ou le baiser de l’araignée ! Quant à Mitterrand, fliqué, pardon, conseillé par Attali depuis le début, chantagé sur sa fille cachée et son passé pétainiste, il n’avait aucune chance de rester sur la ligne sociale de Pierre Mauroy. On sait que cette rapide analyse devrait avoir sa place dans un article dédié, car il dévoile la trahison eurolibérale du politique et du médiatique sur le (large) dos du peuple souverain, mais on n’a pas pu résister. Et le dernier paragraphe est plus gouleyant encore :
L’auteur confie en effet qu’un « a priori favorable » l’aurait presque poussé à voter pour M. Emmanuel Macron dès le premier tour de l’élection de 2017 s’il n’avait pas redouté alors de se retrouver « avec Daniel Cohn-Bendit, Alain Minc et Jacques Attali ». Ce qui, admet-il, « aurait nui à la cohérence de mon positionnement idéologique et politique ». On ne saurait mieux dire…
Ou comment se flinguer dans son propre testament politique. On a parlé du Monde, ça tombe bien, le livre du propagandiste Samuel Laurent, longtemps à la tête des Décodeurs, ces petits juges de l’inquisition socialo-sioniste, à l’origine du maccarthysme qui étouffe le peuple français (c’est le masque FFP2 de la liberté d’expression), vient de sortir.
Et c’est Samuel qui écrit l’article qui vend le livre de Samuel, ça alors ! Samuel alors ! Samy raconte comment Twitter l’a rendu fou et surtout, partial. Pour un journaliste, c’est une révélation suicidaire.
Pour paraphraser une célèbre œuvre cinématographique des années 1980, Rambo II, pour survivre au trolling, je suis devenu un troll. Monstre poilu issu du folklore nordique, le troll est belliqueux, peu futé. Le terme est employé depuis les débuts du Web pour désigner un utilisateur de forum ou de réseau social qui prend plaisir à se montrer agressif, cynique, de mauvaise foi, dans le but d’énerver ses interlocuteurs et de parasiter leurs publications. (…) J’ai besoin, viscéralement, d’avoir raison. Y compris, voire surtout, avec les interlocuteurs les plus pénibles, les plus violents, les plus insultants.
On confirme que même avec ses adversaires politiques les moins virulents, Samy était nauséabond, outrageux, violent. Mais voilà, il était le Système, donc la Vérité. Un intouchable qui avait tous les droits.
Sur Twitter, il y a moi et puis les cons
Nous qui connaissons un peu Twitter, avons résisté à cet ego-trip qui consiste à devenir soi-même le cœur de la vérité. Or, il faut se servir de Twitter comme d’une agence de presse, point barre, car c’est le monde qui nous parle. Le monde, pas Le Monde, ce qui n’est pas exactement pareil. Sur Twitter, il ne faut jamais s’énerver, on est là pour récolter de l’info, pas pour tomber dans les pièges émotionnels qui y sont en permanence tendus. Car on a effectivement envie de corriger les autres – surtout Jean-Michel Aphatie – pour qu’ils pensent comme nous. Autant vider l’océan à la petite cuillère. Non, il faut prendre Twitter comme une source inégalée d’infos et de sources directes.
C’est donc après des années de pratique trolleuse que Samy nous fait son mea culpa :
Il est facile d’oublier au passage que nous [journalistes] en sommes les utilisateurs les plus influents. Et que c’est avant tout à nous, qui sommes des professionnels de la parole, d’apprendre à mieux nous y exprimer, à mieux nous y comporter. À nous de retrouver, en somme, ce qui nous a donné au départ cette forme de magistère sur le débat public : la qualité et la maîtrise de nos propos, de nos informations, de nos jugements. De retrouver, surtout, ce qui fonde notre fonction sociale : une capacité à écouter, à comprendre, à retranscrire les préoccupations et les attentes d’une population qui s’étend au-delà de celle du réseau social. D’expliquer, plutôt que décrier et juger. Une gageure que j’ai moi-même du mal à respecter ; je dois encore me faire violence pour ne pas me contenter de réagir.
En extrapolant son cas à celui du Monde, on comprend que ce journal n’est pas le vertueux défenseur de la démocratie qu’il dit être. Il a fallu dix ans à Samy pour s’en rendre compte. Nous, il nous a fallu dix minutes. Zut (c’est mieux que putain), on a oublié de parler de la collée ! On devait en parler après Léna Situations, et voilà, on a perdu la cohérence. Maudits soient Chevènement, Aphatie et Samuel Laurent !
Tessica, fille d’Obama et de Mitterrand
Tessica Brown est une jeune Américaine qui n’avait plus de gel alors elle a pris de la colle, forte, très forte, à cause d’une marque qui vend les deux.
Tessica Brown a utilisé Gorilla glue (colle pour métaux) au lieu de Gorilla gel (gel pour cheveux), elle a été à l’hôpital qui la renvoyée chez elle en lui disant de mettre de l’acétone. Aucun résultat, aujourd’hui elle a le crâne enflé et mal à la tête. Girls, faites attention pic.twitter.com/eHsWeInjSU
— (@Adimbola) February 7, 2021
Découvre la vidéo de Tessica Brown ! #TikTok https://t.co/WV4MdxjhIO
— DBC (@jessblch) February 7, 2021
Grâce à Twitter, le monde entier se gausse de la bêtise de Tessica. Mais, sérieusement, un Chevènement qui avale quarante ans de couleuvres socialo-sionistes eurolibérales, un Samuel Laurent qui se croit vigie de la Démocratie alors qu’il agit comme une balance de Kommandantur, du haut de leurs intelligences respectives et réelles, sont cent fois plus coupables que Tessica. Et plus dangereux, car Tessica, à part se faire du mal au cuir chevelu avec son tube de glu, n’a entubé personne, elle.